« L'IA vient pour nous tous. Y compris pour mon poste de CEO. »

« L’IA vient pour nous tous. Y compris pour mon poste de CEO. » C’est avec cette déclaration sans détour, que Micha Kaufman, CEO de Fiverr, s’est adressé à son équipe dans un mémo rendu public en avril 2025.

Contrairement aux communications vagues, voire édulcorées, en matière formation à l’IA en entreprise : Kaufman choisit la franchise radicale, affirmant que personne n’est à l’abri, pas même lui.

Ce mémo, tout comme celui publié à la même période par le CEO de Shopify, exhorte les employés à développer leurs compétences et à apprendre de façon autonome et volontaire à faire levier de l’IA dans toutes les tâches possibles – sous peine de devenir obsolètes.

De plus en plus de CEO s’emparent du débat sur l’impact de l’IA sur le futur du travail. Qu’on y adhère ou pas, les conseils du CEO de Fiverr méritent d’être pris en compte par tout professionnel actif dans le conseil.

Le signal d’alarme : quel que soit votre métier, l’IA va bouleverser votre rôle

Le constat initial posé par Micha Kaufman est sans appel.

Peu importe que vous soyez programmeur, designer, chef de produit, data scientist, avocat, agent du service client, commercial ou financier : l’intelligence artificielle est en train de transformer radicalement toutes les professions.

Dans cette nouvelle ère du travai, Kaufman prédit que :

  • ce qui était autrefois considéré comme des « tâches faciles » n’existera plus ;
  • ce qui était « difficile » deviendra la nouvelle norme facile ; et
  • ce qui était « impossible » sera le nouveau difficile.

Face à ce basculement, Kaufman met en garde son équipe (sans vouloir “faire peur”) :

Dans les prochains mois, ceux qui ne parviendront pas à atteindre un niveau d’excellence devront envisager une reconversion. 

Kaufman ajoute que l’enjeu n’est pas seulement de conserver son poste chez Fiverr, mais de rester actif dans sa profession.

7 conseils du CEO de Fiverr pour développer un talent exceptionnel dans l’ère de l’IA

Dans son mémo, Micha Kaufman liste les conseils Voici ce que vous pouvez faire pour devenir un talent exceptionnel :

  1. Étudiez, recherchez et maîtrisez les dernières solutions d’IA dans votre domaine. Essayez plusieurs solutions et trouvez celles qui vous donnent des super-pouvoirs. Par super-pouvoirs, j’entends la capacité de générer plus de résultats par unité de temps avec une meilleure qualité par livraison.

Exemples :

  • Programmeurs : code (Cursor…)
  • Support client : tickets (Intercom, SentiSum…)
  • Juristes : contrats (Lexis+ AI, Legora…);
  • etc.
  1. Trouvez les personnes les plus compétentes au sein de notre équipe qui peuvent vous aider à vous familiariser avec les dernières avancées en IA.
  2. Le temps est l’actif le plus précieux que nous ayons — si vous travaillez encore comme en 2024, vous êtes déjà à la traîne ! Aujourd’hui, on attend de vous que vous fassiez plus, plus vite, et plus efficacement.
  3. Devenez un ingénieur en prompts. Google est mort. Les LLM et l’IA générative sont les nouvelles bases, et si vous ne les utilisez pas comme un expert, votre valeur diminuera avant même que vous ne compreniez ce qui vous arrive.
  4. Impliquez-vous dans l’amélioration de l’efficacité de l’organisation en utilisant les outils et technologies d’IA. Il ne sert à rien d’embaucher davantage de personnes avant d’avoir appris à faire plus avec ce que nous avons déjà.
  5. Comprenez bien la stratégie de l’entreprise et contribuez activement à atteindre ses objectifs. Ne vous attendez pas à être invité à une réunion pour proposer des idées — il n’y aura pas de telles réunions. Prenez plutôt l’initiative de présenter vos idées de manière proactive.
  6. Cessez d’attendre que le monde ou votre lieu de travail vous offre des opportunités d’apprendre et de grandir — créez vous-même ces opportunités.

7 conseils du CEO de Fiverr pour développer un talent exceptionnel dans l’ère de l’IA

Les 3 piliers immuables de la valeur professionnelle

Kaufman identifie trois constantes anthropologiques qui continueront de déterminer pourquoi nous faisons appel à d’autres professionnels :

  1. L’arbitrage du temps : « Puis-je le faire moi-même ? Oui. Est-ce que ça vaut mon temps quand un expert peut le faire plus efficacement ? Non. »
  2. L’avantage compétitif : « J’ai besoin de quelque chose qui se démarque, qui ait un avantage concurrentiel, créé par quelqu’un qui maîtrise mieux les outils et possède un meilleur sens esthétique que moi. »
  3. La gestion de la complexité : « Le projet est multidisciplinaire, nécessite de l’orchestration et dépasse mes capacités ou mon temps disponible. »

« Ces fondamentaux n’ont pas changé », affirme Kaufman. « Peut-être la définition de ce qui était facile ou difficile, mais ces motivations sont restées constantes. »

L’avenir appartient aux « hackers »

Lorsqu’on lui demande quels nouveaux profils professionnels émergent dans cet écosystème transformé, Kaufman est catégorique : « L’avenir appartient aux hackers. »

Il ne parle pas ici de cybercriminalité, mais d’une mentalité caractérisée par :

  • Une curiosité insatiable pour les dernières technologies
  • La capacité à pousser ces technologies à leurs limites
  • L’art de connecter différents systèmes de façon inattendue
  • La découverte d’applications que même les développeurs originaux n’avaient pas envisagées

« Ces personnes sont des éclaireurs naturels. Ils savent toujours ce qui est à la pointe, et ils ne se contentent pas de l’utiliser — ils le cassent, le transforment, et créent de nouvelles possibilités. »

Repenser les parcours de formation traditionnels

Face à cette transformation radicale, Kaufman remet en question la pertinence des parcours éducatifs classiques. « Si vous voulez progresser rapidement, si vous êtes naturellement curieux et capable d’explorer des sujets en profondeur, les ressources disponibles gratuitement sont simplement incroyables », observe-t-il.

Cette perspective soulève des questions fondamentales pour les individus comme pour les organisations : dans un monde où l’accessibilité aux connaissances n’a jamais été aussi grande, quelle est la valeur réelle des institutions traditionnelles ? Quelles compétences méritent véritablement notre investissement en temps et en ressources ?

L’optimisme comme boussole

Malgré les défis monumentaux que pose cette révolution technologique, Kaufman conclut sur une note résolument optimiste : « Je ne suis pas pessimiste concernant l’avenir. Je ne pense pas que c’est la fin du monde, je ne pense pas que nous nous dirigeons vers un futur dystopique. Je suis très optimiste et je m’amuse beaucoup. »

Cette vision positive n’est pas fondée sur un déni des difficultés, mais sur une confiance dans la capacité d’adaptation de l’humanité et sur le potentiel transformateur des nouvelles technologies.

Au-delà des formations traditionnelles

Un autre point fascinant soulevé par Kaufman concerne la pertinence des parcours d’apprentissage traditionnels. « Si vous voulez progresser rapidement et commencer tôt, en sachant que vous pouvez devenir obsessionnellement curieux… vous n’avez pas besoin de payer quoi que ce soit, c’est simplement incroyable ce qui est disponible gratuitement. »

Cette perspective bouleverse notre conception de l’acquisition des compétences. Dans un monde où les ressources d’apprentissage n’ont jamais été aussi accessibles, la vraie valeur ne réside plus dans l’accès à l’information, mais dans la capacité à la contextualiser, à l’appliquer de manière créative et à la transformer en systèmes de valeur uniques.

Implications managériales

Pour les dirigeants et managers, les observations de Kaufman suggèrent plusieurs implications pratiques :

  1. Repenser les critères de recrutement : la distinction junior/senior devient moins pertinente que la capacité à s’adapter et à explorer les nouvelles technologies.
  2. Favoriser l’expérimentation : Il faut créer des espaces où les équipes peuvent tester et intégrer de nouvelles capacités IA sans crainte d’échec.
  3. Redéfinir la mesure de la performance : il faut évoluer vers des mésures de performance qui valorisent l’impact et l’innovation plutôt que le simple volume d’activité.
  4. Investir dans la « mentalité AI-first » : il faut former les équipes non pas simplement à l’utilisation d’outils spécifiques, mais au développement d’une approche systématique d’intégration de l’IA.

Qui est Micha Kaufman : le juriste a refaçonné le monde du travail (freelance) ?

Micha Kaufman est le co-fondateur et CEO de Fiverr, place de marché mondiale pour les services freelance qu’il dirige depuis sa création en 2009.

Sous sa direction, la plateforme s’est développée pour servir des millions d’utilisateurs dans 190 pays, générant plus de 30 millions de transactions.

Avant de fonder Fiverr, Micha Kaufman a débuté sa carrière dans le domaine du juridique.

Après avoir obtenu une licence en droit de la propriété intellectuelle de la faculté de droit de l’université de Haïfa, Kaufman a commencé sa carrière en tant que conseil en brevets et ensuite a enseigné le droit de l’informatique et de l’Internet dans le cadre du programme MBA du Technion – Israel Institute of Technology.

Il a ensuite débuté sa carrière d’entrepreneur en lançant plusieurs entreprises technologiques, dont Keynesis Ltd., Invisia Ltd. et Spotback Ltd, avant de fonder Fiverr, une société cotée à la Bourse de New York (NYSE) qui s’est développée pour servir des millions d’utilisateurs dans 190 pays, facilitant plus de 30 millions de transactions et offrant plus de 10 millions de services proposés par des travailleurs freelance.  

Kaufman contribue régulièrement à des publications comme WIRED et Forbes, partageant ses analyses sur l’entrepreneuriat, la technologie et l’avenir du travail. Sa position unique à l’intersection de la technologie et de l’économie freelance en fait une voix influente dans le débat sur l’impact de l’IA sur l’emploi.

Mémo de Micha Kaufman à son équipe

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